Le prix Nobel de la paix a été décerné le vendredi 6 octobre à Narges Mohammadi, militante de longue date des droits civils en Iran et actuellement détenue à la prison d’Evin à Téhéran, depuis novembre dernier, après son arrestation lors d’une manifestation.
Le mari de Mohammadi, Taghi Rahmani, et ses jumeaux, qu’elle n’a pas vus depuis huit ans, sont en exil politique à Paris. Mohammadi était ingénieure civile jusqu’à ce que le gouvernement force son employeur à la congédier et lui interdise de travailler en génie.
Déjà militante à l’université où elle s’impliquait dans des comités dissidents et des associations pour femmes, elle défie depuis une trentaine d’années la répression politique, particulièrement celle des femmes, opérée par le régime islamiste iranien.
Au moment d’annoncer le nom de la lauréate, Berit Reiss-Andersen, présidente du comité Nobel norvégien, a affirmé que : « Ce prix est avant tout une reconnaissance du travail très important de tout un mouvement en Iran, ainsi que de sa meneuse incontestée, Narges Mohammadi. […] Il n'appartient pas au comité Nobel de décider de l'impact du prix. Nous espérons toutefois qu'il sera un encouragement à poursuivre le travail sous la forme que ce mouvement jugera appropriée. »
Narges Mohammadi, qui a passé la plus grande partie de la dernière décennie en prison pour des accusations souvent fabriquées par le gouvernement totalitaire, n’a jamais arrêté de protester; elle a continué d’organiser des manifestations même depuis la prison, notamment pour commémorer en septembre dernier le décès de Jina Amini et en organisant des séances d’information s’adressant aux femmes, afin de les renseigner sur leurs droits.
Elle aurait été agressée verbalement, puis physiquement, par un employé de la prison d’Evin au point d’être hospitalisée, le 11 septembre dernier.
La militante est vice-présidente de l’organisme non gouvernemental Centre des défenseurs des droits de la personne, dont la présidence est assurée par la seule autre femme iranienne qui a reçu le prix Nobel de la paix, en 2003, Shirin Ebadi, qui lui avait d’ailleurs dédié son prix. Durant son emprisonnement, elle continue de publier, principalement sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers en Iran. Son livre White Torture documente entre autres les tortures et les violences sexuelles subies par les femmes.
D’autres prix et distinctions octroyées à Mme Mohammadi au fil des années comprennent notamment le Prix mondial de la liberté de la presse des Nations Unies en 2023, le prix Andreȉ Sakharov de la Société américaine de physique et le prix Per-Anger du gouvernement suédois pour les droits de l’homme, en 2011.
Femmes, vie, liberté!